Les Pousse-Pions

de Marion Aubert

Synopsis

« Les personnages élus sont des figures de foire, extirpées d'un château bibelots.
Ce sont de petits détectives chargés de pister la vie, des piégeurs de vie finalement, des soldats munis d'épuisettes. Mes bonshommes naviguent entre grand peur et misère, mais bien avant tout se sont des nains, promeneur d'un faux jeu de l'oie, bien joyeux de pousser du pion jusqu'à leur cachot.
Mais non, la pièce est en fait une vaste opération religieuse et très sainte.
Je niche d'abord mes bonshommobiles en éprouvettes, tantôt mâles, tantôt les deux, tantôt bestiales, puis je procède au mélange. J'asperge le tout de bouffonneries, d'espoir hélas un soupçon d'idiotie. Les personnages sortent en glaise.
Conclusion : Les Pousse-Pions content la vieille histoire d'une poterie de verre.
Ils sont soufflés jusqu'au château des douze bibelots, puis, vêtus de glaives, ils partent en mission pêche-vie. Ce sont des promeneurs d'un vrai-faux labyrinthe, bien joyeux de pousser du pion jusqu'à leur cachot.
Mais non, la pièce... »

Marion Aubert

Note de mise scène

Dès la première lecture de la pièce Les Pousse-Pions un rythme de valse s'est imposé à moi ; pas une grande valse viennoise ni une petite valse musette, mais une valse qui aurait un peu des deux ; volubile, comme ces caractères, et qui avance tout en tournant en rond ; par cycles ; quelque chose qui ne se repose que pour mieux repartir, qui ne meurt que pour mieux revivre, d'où l'idée des plantes vertes, à arroser, à tailler, à rempoter.
J'ai cherché à ce que chaque personnage soit toujours en train de faire quelque chose qui lui est très familier, très confortable, pour que chacun se sente « juste », pour que sa musique sonne juste dans l'ensemble des instruments qui jouent cette valse.
Les comédiens ne sortent jamais de scène, ils sont comme une famille, ne se connaissant pas vraiment et pourtant ayant toujours besoin de savoir les autres à proximité.
C'est comme si leur raison d'être était guidée de l'extérieur...
Par qui ? Peut être seulement une valse ?

Anne Martin

En montant Les Pousse-Pions de Marion Aubert, nous voulons poursuivre notre travail autour d'un théâtre de qualité qui cultive néanmoins le sens de la parole publique.
Nous voulons faire découvrir la poésie bariolée d'une langue lumineusement ludique et versatile, d'une langue qui sait faire revivre pour chacun la discrète et immédiate magie fragile tirée du cercle étroit de l'ordinaire. Nous voulons enfin inventer pour cette langue les espaces et les corps qui la disent, quelque chose qui n'est ni du théâtre, ni de la danse. La vie des gens d'ici racontée par des gens qui n'existent nulle part, une histoire sans histoire, qui s'écoute à vue.

Les comédiens

L'auteur

Née en 1977. Formation d'art dramatique : Section professionnelle du CNR de Montpellier.

« Marion Aubert a la langue rude et étoilée. L'image chez elle naît de la réunion des mots, de leur choc entre eux, de leur bousculade, de leur emballement.
Qu'elle monologue ou dialogue, l'écriture de Marion Aubert frappe d'abord par son oralité. Phrases à mettre en bouche tout de suite pour en faire jaillir sonorités et rythme. (...)
Tout est dans l'usage sans précaution d'une langue qu'elle triture et martèle et frappe, de la pâte à pain qui deviendra brioche, avec des innocences de jeune fille et des violences d'écrivain déjà mature.
Ses histoires sont aussi farfelues et jubilatoires que son verbe, elles sont à l'étroit sur la page et à l'aise sur un plateau, à l'aise dans la chair des acteurs, et dans la capacité d'un metteur en scène à chorégraphier un délire qui ne se délite pas.
Ses pièces forment d'abord une matière, un univers en expansion, et la multiplication des personnages, l'entrecroisement de leurs voix, les sauts temporels semblent bien peu se préoccuper des règles d'unité de lieu et de temps. Mais à l'intérieur de cette forge, l'auteur organise, sélectionne, suspend, distribue en strophes, en scènes, en parties.
Dans Les Pousse-Pions, ce foutoir merveilleux, le lyrisme est battu en brèche par la rigolade, la farce, l'humour, la méchanceté. »

Claudine Galea