de Fabrice Melquiot
Synopsis
Liane perd l'être aimé. Le Noir disparu, dans les eaux du fleuve, noyé.
Liane se mure, se terre, s'enferme entre quatre murs.
Liane s'alcoolise, se salit, s'absente de son corps.
Laine s'absente du temps, d'elle-même et du monde.
Liane attend, et pour passer ce temps se souvient, invente, s'invente des flacons en couleurs poussés du parquet.
Des flacons cadeaux, comme des bouées amenées en secret la nuit par le disparu, l'aimé.
Ce passé qui lui dit de partir.
Alors Liane part de par le monde, un monde qui ne tourne plus très rond.
Liane regarde.
Liane voit.
Liane photographie.
Liane y laisse des plumes.
Mais chaque plume perdue est un pas de plus vers la vie.
Liane apprend à ses dépends, à se dépouiller de ses noirs habits de veuve araignée.
Liane grandit.
Liane s'ouvre à un sourire, un soupir, une main tendue.
Quelque chose qui aurait la saveur de l'inattendu.
Note de mise scène
Un travail à l'image de l'écriture de Fabrice Melquiot, sensible et instinctif : comment s'approprier cette langue, cette matière, faire entendre sa musicalité ? Comment la rendre concrète, tenter de lui donner un corps à la fois rigide et souple, désespéré et léger, sérieux et dérisoire ?
Fabrice Melquiot nous parle du deuil et du parcours initiatique qui l'accompagne, de tout ce qu'il suscite, interroge, bouleverse en nous. C'est ce qui m'a touché dans ce texte, parce que chaque être est ou sera au cours de son existence, confronté au deuil, qu'il soit d'une personne, d'une idée, d'un idéal, d'un sentiment.
Ce parcours c'est aussi prendre du recul au sens propre et figuré : « s'éloigner pour mieux se voir et se toucher, mieux se toucher ». L'autre mais finalement soi-même. Prendre du recul pour voir les choses sous un autre angle, à l'image de la photographie. Celles de L'inattendu sont celles « déguelasses » d'un monde qui ne tourne plus rond, un monde de terreur, de guerres en tout genre.
Christelle Glize
« Sûr que le théâtre est le lieu du dépaysement et ce que l'on va chercher c'est un ailleurs. Mais, on va chercher un ailleurs qui nous permettra de revenir ici, mieux qu'avant le voyage ou pire – mais différent. »
Fabrice Melquiot
Je voulais un espace simple, une scénographie minimaliste, quelques objets épars (une valise, une table...) qui se transforment imperceptiblement par la force évocatrice des images afin de laisser la place au texte et à la comédienne.
L'espace : un carré blanc, lieu de l'enfermement, ceinturé par quatre rangées de sièges, quatre murs humains. Le monde ce sont ces autres, ce public la regardant, se regardant et lui-même à son tour regardé.
Le carré blanc s'illumine tour à tour, d'autant de couleurs que de souvenirs lui revenant.
Christelle Glize
L'auteur
Fabrice Melquiot vient d'une petite ville de Savoie où il est né en avril 1972. Après s'être lancé dans des études cinématographiques, il suit une formation d'acteur sous la direction de Julie Vilmont. Puis à 22 ans, il travaille en tant qu'acteur au sein de la compagnie des Millefontaines, dirigée par Emmanuel Demarcy-Motta.
Parallèlement, il écrit des pièces pour la radio, la jeunesse, et le théâtre tout public. En 1998, ses premiers textes pour enfants sont publiés à l'École des loisirs et diffusés sur France Culture. Il reçoit le Grand Prix Paul Gilson de la Communauté des radios publiques de langue française et, à Bratislava, le Prix européen de la meilleure œuvre radiophonique pour adolescents.
Depuis quelques années il se consacre entièrement à l'écriture.
En 2002/2003, pour sa première saison à la tête de La Comédie de Reims, Emmanuel Demarcy-Mota invite Fabrice Melquiot à le rejoindre comme auteur associé, membre du collectif artistique de La Comédie et met en scène L'Inattendu et Le Diable en partage, au Théâtre de la Bastille (Paris) à La Comédie de Reims et en tournée.
D'autres metteurs en scène, de plus en plus nombreux, ont choisi de se confronter à son écriture poétique sans concession. Ces textes sont joués de nombreuses fois et traduits en allemand, en espagnol et en italien.
En 2003 Fabrice Melquiot s'est vu décerner le prix SACD de la meilleure pièce radiophonique, le prix Jean-Jacques Gauthier du Figaro et deux prix du Syndicat National de la Critique pour Le Diable en partage : meilleure création d'une pièce en langue française et révélation de l'année.